En cette époque où les préoccupations environnementales pointent principalement vers les changements climatiques, la pratique du zéro déchet a-t-elle toujours la cote? Est-ce une priorité? Qu’advient-il du mouvement et de sa pertinence?
Des changements dans les habitudes de consommation se font sentir depuis quelques années. C’est ainsi que certaines pratiques propres au zéro déchet ont pu être ébranlées, après un pic de popularité il y a une dizaine d’années. Mais on assiste peut-être simplement à une évolution du mouvement, depuis son apparition au début des années 2000.
C’est en 2013 que le concept du zéro déchet a grandement été popularisé, avec la sortie du livre « Zéro déchet » de Béa Johnson. Cette dernière y racontait comment elle et sa famille avaient réussi à produire moins de 1 kg de déchets sur une année entière. Elle a de cette façon inspiré des milliers de gens qui se sont lancés, enthousiastes et convaincus, dans l’aventure zéro déchet. Plusieurs d’entre eux firent toutefois ce constat: le zéro (mathématique) déchet était très difficile à atteindre. Au mieux, on pouvait tout simplement « tendre » vers le zéro déchet.
Malgré cela, l’engouement a perduré pour de nombreux adeptes, jusqu’à tout récemment, où des signes d’essoufflement semblent se faire sentir. Par exemple, des commerces prônant des valeurs zéro déchet se voient, avec consternation, dans l’obligation de fermer leurs portes ou de réduire leurs heures. Certains d’entre eux ont vu leur chiffre d’affaires diminuer de 25% à 30%. Pénurie de main-d’oeuvre, baisse d’achalandage, hausse des prix, hausse des coûts locatifs, changements d’habitudes des consommateurs, contexte économique difficile, bref, les raisons sont parfois complexes et surtout très variées. De plus, il se peut que l’arrivée soudaine de préoccupations sanitaires et économiques, liées au contexte pandémique, aient pu dans certains cas repousser les principes écologiques au second rang.
Mais est-ce là un signe de l’abandon des pratiques du zéro déchet?
Pas nécessairement.
Selon un récent rapport de Recyc-Québec, bien que la quantité de déchets produits au Québec ait augmenté de 8% entre 2018 et 2021, ce n’est pas du côté citoyen que cette augmentation s’est fait majoritairement sentir. Elle serait plutôt attribuable à des activités économiques comme la rénovation, par exemple. Dans ces secteurs, des améliorations dans les infrastructures, permettant une meilleure gestion des déchets, sont à prévoir. Ainsi, la quantité de déchets émis par les ménages aurait même quelque peu diminué. De plus, dans un sondage réalisé en 2019-2020 par Recyc-Québec, la très grande majorité des répondants se sont dits conscients des enjeux liés à la collecte sélective et souhaitent contribuer à la réduction des déchets. L’intérêt est toujours bien présent, malgré que certaines habitudes aient pu changer au cours des dernières années.
Les précurseurs du mouvement zéro déchet ont su attirer l’attention sur une problématique bien réelle. Alors qu’on entend beaucoup parler des changements climatiques et d’émissions sans cesse croissantes de GES, il faut tenir en compte que les déchets (principalement enfouis) sont responsables d’environ 8% des émissions totales de GES au Québec. Et il n’y a pas que ça. La production excessive de déchets suppose qu’il y ait eu préalablement prélèvement de ressources en amont. Or, peu de ressources sont à même de soutenir les rythmes de production que l’on connaît aujourd’hui.
Le problème de la surproduction de déchets étant désormais l’affaire de tous, il devient primordial de démocratiser davantage le concept de zéro déchet et de le faire évoluer vers des pratiques appelées à être partagées par le plus grand nombre.
De même que l’on s’est habitués, collectivement, à:
il serait possible d’adopter certaines pratiques préconisées dans la philosophie zéro déchet. Utopique? Pas plus que les changements précédemment cités. En quelques années, ces pratiques sont devenues presque banales, tellement elles sont bien ancrées dans notre mode de vie. C’est en partageant quelques pratiques simples auprès de la population que des changements durables pourront s’installer. Le concept de zéro déchet évoluerait alors vers des pratiques de réduction des déchets, intégrées au quotidien de chacun. Mais pour cela, une majorité de commerces doivent être en mesure d’offrir des options qui encouragent cette réduction.
On ne pourra peut-être pas prétendre fièrement pouvoir limiter les déchets annuels de la famille à 1 kg, mais on pourrait rapidement constater que l’on:
Et que l’on… économise beaucoup d’argent depuis la mise en oeuvre de ces actions toutes simples! De telles pratiques sont facilement intégrables au quotidien. Appliquées par une majorité, elles sont en mesure de réduire encore plus le volume des déchets.
Il appartient donc au plus grand nombre, incluant les commerces et les industries, de s’approprier ces changements et non plus à un groupe unique. Les précurseurs du zéro déchet ont certes beaucoup d’expérience à partager et méritent plus que jamais d’être entendus; mais cette fois, par tous.
Sources consultées
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