On associe inévitablement les pollinisateurs, comme les abeilles, à la production du miel. Mais saviez-vous que leur utilité va bien au-delà de cette fonction? En effet, leur travail contribue à fournir plus du tiers de notre nourriture quotidienne.
Comment est-ce possible? Tout simplement en assurant la pollinisation adéquate des fleurs qui appartiennent aux végétaux que nous mangeons. Sans cette délicate opération, bon nombre de graines et de fruits que nous consommons régulièrement ne pourraient se développer.
Le rôle essentiel des pollinisateurs
Bien que leur rôle soit prépondérant, il n’y a pas que les abeilles qui s’acquittent de la pollinisation des végétaux. En effet, bourdons, mouches et papillons jouent aussi un rôle. Ces pollinisateurs permettent donc la production de fruits ou de graines, en transportant le pollen sur le pistil des fleurs. Cette rencontre peut aussi se produire sous l’effet du vent (comme chez le maïs, par exemple). Mais pour plusieurs espèces, l’effet du vent est inadéquat ou insuffisant. La présence d’insectes pollinisateurs est alors essentielle.
Les insectes visitent principalement les fleurs pour recueillir leur pollen et leur nectar. Le nectar, riche en sucres, leur sert de source d’énergie. Quant au pollen, riche en protéines, il est le plus souvent rapporté au nid pour nourrir les jeunes larves. Ce faisant, le pollen s’accroche sur les poils ou sur les pattes de l’insecte. C’est ainsi qu’en visitant successivement plusieurs fleurs, ils déposent du pollen sur le pistil des fleurs.
Sans le concours de ces insectes pollinisateurs, les fraises, les pêches, les pommes, les bleuets, les poivrons et de nombreux autres végétaux que nous consommons resteraient sous forme de fleurs, pas nécessairement comestibles. En fait, c’est environ 35% de la nourriture que nous consommons qui nécessite la pollinisation par les insectes. Une pollinisation partielle et insuffisante, faute de pollinisateurs, fait en sorte que les plants produisent moins, engendrant une perte de rentabilité. Notez également qu’une majorité de végétaux concernés représentent des sources très importantes de vitamines, dont la vitamine C, nécessaires à la santé.
Vous consommez peu de fruits et de légumes? Vous avez aussi besoin des insectes pollinisateurs puisque la reproduction des plantes fourragères qui servent à nourrir le bétail en dépend aussi!
Plus de 80 % de ce qui est produit dans les principales cultures au Québec dépend de l’action des abeilles pour la pollinisation. Vous comprenez alors pourquoi on s’inquiète tant de la disparition progressive des abeilles et de l’absence de certains autres pollinisateurs.
Les abeilles en péril
Des apiculteurs du monde entier font le même constat: un taux de mortalité anormalement élevé dans les ruches. Ce phénomène engendre beaucoup d’inquiétude relativement à la production de miel, bien sûr, mais également à la survie de différentes cultures. Que se passe-t-il donc? Depuis une vingtaine d’années, des chercheurs travaillent à percer le mystère. Or, il ne semble pas n’y avoir qu’une seule cause.
Il semble que ces 3 principales causes puissent se renforcer les unes les autres, rendant les abeilles moins résistantes.
Comment aider les pollinisateurs?
Le plus beau cadeau que vous puissiez offrir aux insectes pollinisateurs est de leur rendre la diversité végétale dont ils ont besoin pour se nourrir. Aussi simple que cela. Pour ce faire, il suffit de favoriser les espèces végétales sauvages là où elles poussent. Bien sûr, vous pouvez planter des espèces réputées les attirer; mais bien avant cela, laissez-leur celles qui poussent gratuitement. Si vous disposez d’un terrain, laissez-y ce qui pousse naturellement. Vous devrez peut-être contrôler la croissance excessive de certaines espèces par un désherbage manuel, mais ce n’est pas plus compliqué. Non seulement il ne vous en coûtera rien en procédant ainsi, mais vous découvrirez peut-être de belles variétés florales très colorées dont vous ignoriez l’existence. De plus, ces espèces sont sans entretien, puisque si elles poussent d’elles-mêmes dans votre jardin, c’est qu’elles y sont parfaitement adaptées.
Cette façon de procéder se pratique donc en laissant une pelouse variée, ce qui n’exclut pas de la tondre occasionnellement, selon la réglementation en vigueur dans votre municipalité. Petite astuce: lors de la tonte, pratiquez l’herbicyclage, qui consiste à laisser vos résidus de tonte sur le gazon afin qu’ils contribuent à enrichir le sol par décomposition. Certaines villes au Québec encouragent désormais leur population à adhérer au Défi pissenlit, qui suggère de laisser pousser les pissenlits et autres fleurs pour toute la durée du mois de mai, afin d’aider les pollinisateurs.
Dès juin, il est également possible de laisser pousser des variétés fleuries indigènes dans vos plates-bandes, en prenant soin de bien les identifier et de bien contrôler leur étalement, parfois plutôt déchaîné! Bien que cette pratique soit bénéfique pour les pollinisateurs, portez une attention particulière si, par exemple, vous êtes allergique aux piqûres d’insectes. Ces derniers ont peu tendance à piquer lorsqu’occupés à butiner, mais c’est toujours une possibilité.
Dans les villes et les banlieues, de telles pratiques favorisent la biodiversité et la survie des espèces. À la campagne, surtout près des zones de cultures maraîchères, la préservation des plantes sauvages est d’autant plus pertinente, puisque ce sont les mêmes pollinisateurs qui travailleront en parallèle à la pollinisation des espèces en cultures. Les rendements, comme ceux de la tomate, par exemple, sont augmentés par la présence de plantes indigènes à proximité , par la simple présence plus importante de pollinisateurs.
Enfin, l’achat de fruits et légumes biologiques assure la quasi absence de pesticides néfastes aux pollinisateurs dans les cultures.
Un peu de curiosité…
Du pissenlit printanier à la verge d’or plus automnale, la plupart des espèces aux fleurs colorées attirent différents insectes: aster, trèfles, mélilot, roses, échinacée, achillée, etc. Ce qu’il faut, c’est de la diversité. Bien que les bourdons, par exemple, aient une préférence pour les fleurs bleues, mauves ou jaunes (ils ne perçoivent pas toutes les autres couleurs), ne vous inquiétez pas, ils savent très bien trouver leur compte. De plus, chaque espèce végétale arrive à point nommé pour satisfaire les insectes présents. Ainsi, alors qu’au printemps les bourdons ont à la fois besoin de nectar (pour les sucres) et de pollen (pour les protéines), ils fréquentent les pissenlits, riches en ces 2 éléments, en préférence à d’autres espèces qui seront davantage porteuses de nectar, ou de pollen. C’est pourquoi il est si important de laisser pousser les pissenlits à cette période. Forts de cette nourriture, les bourdons seront par la suite utiles aux bleuets!
Non. Ce sont effectivement des bourdons, du genre « Bombus« . Ils sont plus gros et plus velus que les abeilles, qui elles, sont du genre « Apis« . Il y a des bourdons mâles (qui n’ont pas de dard) et des bourdons femelles (qui portent un dard). Chez l’abeille, le mâle se nomme faux-bourdon. Il est de plus petite taille que les bourdons.
Non. L’abeille qui fabrique le miel destiné à la consommation humaine se nomme abeille mellifère. C’est elle qui colonise les ruches. En nombre, c’est de loin la plus représentée. Les autres abeilles sont indigènes et peuvent être sociales, ou, majoritairement, solitaires. Bien qu’ayant un rôle important de pollinisation, elles ne contribuent pas à la production de miel.
Lorsqu’un équilibre est rompu, dans la nature, c’est toute une chaîne d’interactions qui s’en trouve affectée. Dans le cas des insectes pollinisateurs, leur importance n’est plus à démontrer. Des actions simples et concrètes peuvent contribuer à les sauver, et, par le fait même, à préserver ce qui est vital pour nous: notre nourriture.
Sources consultées
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