Chaque année, des tonnes de microfibres arrachées de nos vêtements se retrouvent dans les cours d’eau et les océans. Comment contrer cette pollution?
Lorsqu’il est question de la pollution par le plastique, il est rare que l’on pense aux vêtements. Or, le simple lavage des vêtements y contribue, par le rejet dans l’eau de quantités astronomiques de microfibres, qui rejoindront l’ensemble des microplastiques.
Qu’est-ce qu’une microfibre de vêtement?
C’est un tout petit morceau de fibre de tissu (moins de 5 millimètres) qui se détache des vêtements par abrasion, notamment lors du lavage des tissus. En effet, des fibres de tissu sont « arrachées » des vêtements sous l’effet du brassage de l’eau et de l’action du savon.
C’est ainsi qu’en Amérique du Nord seulement, ce sont des centaines de tonnes de fibres de tissu issues du lavage des vêtements qui sont rejetées dans l’environnement au cours d’une année. Une simple brassée de lavage à la machine peut libérer jusqu’à 700 000 microfibres!
Problèmes environnementaux liés à la présence de microfibres
Abondamment présentes dans l’eau de lavage souillée, les microfibres empruntent les canalisations pour rejoindre les usines de filtration. Éventuellement, elles atteindront les cours d’eau, puis, ultimement, les océans. Malheureusement, étant donné la très petite taille des microfibres, les usines de filtration n’arrivent généralement pas à toutes les retenir. Dans les meilleurs cas, environ 95% des fibres pourraient être interceptées. Les 5% restants peuvent sembler peu. Cependant, la récurrence du phénomène et la non-dégradation des fibres en font un problème majeur.
La majorité des fibres de nos vêtements sont synthétiques (polyester, nylon, acrylique, etc.). Or, ces types de fibres, issues pour la plupart de la pétrochimie, s’apparentent aux plastiques. Les microfibres de vêtements s’ajoutent donc aux quantités astronomiques de microplastiques présents dans les eaux de la planète. On estime que plus du tiers d’entre eux sont en fait des microfibres issues des vêtements. Il s’agit donc d’une source importante de pollution des eaux.
Flottant dans les eaux pour des dizaines, voire des centaines d’années, les microfibres nuisent à la santé de nombreux organismes marins. En effet, plusieurs d’entre eux les ingèrent, les confondant avec de la nourriture. Une fois dans leur système digestif, ils causent des dommages souvent irréparables. De plus, ils risquent également de contaminer notre propre nourriture, en empruntant la chaîne alimentaire.
Le choix des tissus est-il important?
Plus de 70% des fibres synthétiques retrouvées dans les eaux de l’Arctique sont constituées de fibres de polyester. Ce n’est pas étonnant puisque que 51% de la production mondiale de tissu concerne le polyester. Or, ce type de fibres, tout comme d’autres fibres synthétiques, pourraient prendre des centaines d’années à se décomposer.
On pourrait penser que les fibres naturelles (lin, coton, laine, etc.) ne produisent pas de microfibres. Ce n’est malheureusement pas le cas. Au contraire, en nombre, elles peuvent même parfois en générer davantage. Toutefois, elles pourraient prendre moins de temps à se décomposer que les fibres synthétiques.
Le choix de tissu n’a donc, sous cet angle, que peu d’importance. Il vaut mieux limiter le rejet des microfibres plutôt que de tenter d’en changer la composition.
Limiter les microfibres
Que peut-on faire pour limiter la présence des microfibres? Éviter de laver les vêtements? Bien sûr que non. Toutefois, il est logique de penser que moins vous lavez les vêtements, moins ils seront susceptibles de générer des microfibres. Il suffit peut-être de tout simplement porter attention sur les lavages excessifs ou inutiles.
Dans un premier temps, un lavage manuel des vêtements, en eau froide et avec un savon liquide, représentent 3 moyens qui permettent aisément de diminuer les quantités de fibres arrachées des vêtements. La raison en est bien simple: ce sont 3 pratiques qui évitent une forte abrasion sur les vêtements. C’est la base. Autre avantage: ces pratiques sont plutôt économiques.
Par la suite, vous pouvez passer à des solutions qui engendrent quelques coûts, plus ou moins élevés. La solution la moins coûteuse consiste à vous procurer un sac de lavage, sac de tissu dans lequel vous déposez vos vêtements, avant de le mettre à la machine à laver. Sa fonction consiste à retenir les fibres qui se seront détachées des vêtements lors de la lessive. Les pourcentages de rétention sont généralement très satisfaisants. Il suffit ensuite de retirer les fibres regroupées à l’intérieur du sac avant de les mettre à la poubelle. Vous pourriez alors utiliser le populaire sac GUPPYFRIEND® qui remplit bien ce rôle.
Enfin, il est possible que la machine à laver soit munie d’un filtre servant à la rétention des microfibres. Certains appareils ont déjà un tel type de filtre intégré. On s’attend à en voir de plus en plus au cours des prochaines années. Informez-vous si vous devez vous procurer un nouvel appareil. Sinon, il est également possible d’ajouter un filtre à votre machine. Il faut alors disposer de suffisamment d’espace autour du lave-linge (à vérifier préalablement) et prévoir quelques travaux de plomberie.
D’ici à ce que de telles solutions soient déployées à grande échelle, il est tout de même bon de savoir qu’il existe quelques moyens simples de réduire cette pollution qui envahit les cours d’eau.
Sources consultées
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